One person

A guide to Brussels

Editions N2H4, avril 2024

L’artiste français Marc Buchy se fait l’éditeur, depuis quelques années, d’une série de guides touristiques consacrés à des villes du monde. Il charge des artistes d’en concevoir le contenu, et de l’insérer dans une maquette récurrente. Les guides prennent une forme exclusivement digitale. Ils sont en vente sur le site www.n2-h4.com. Invité donc par M.B. à réaliser ce guide sur Bruxelles, je me suis proposé de renvoyer l’invitation à son expéditeur, suggérant de faire du susnommé le héros d’une déambulation rêveuse dans cette ville de Bruxelles qui a une si flatteuse réputation. Après tout, l’éditeur connaît cette ville tout autant que l’auteur. Nous suivons donc le dit personnage parmi des lieux qui lui sont chers et que l’auteur des dessins de ce guide n’est évidemment pas sans connaître. Création à quatre mains, donc, où l’on se suit comme des ombres. Je réalise les dessins et les compositions graphiques et M.B. y ajoute un contenu linguistique, rebondissant sur la multi multiculturalité, célébrée, de la ville. Manière de me renvoyer à son tour l’invitation peut-être, dans une partie de tennis, moi qui aime les alphabets, tout comme lui ? Manière d’éditer Tintin en plusieurs langues ? Va savoir. Une philosophie de M.B. à Y.V.P, et vice-versa, en tout cas. En voici quelques extraits, dérobés à l’emprise du commerce.

Proche des étoiles (et des commerces) / affiche, carton, tract

Editeur L'Orangerie, Bastogne

Une idée hégélienne, voire présocratique, s'est présentée : proposer, investiguer, une antithèse de l'exposition de l'année dernière, organisée à l'Orangerie à Bastogne. Celle-ci fut une fresque en même temps qu'une carte de la ville de Bastogne, appréhendée en son visage diurne. Elle vint sur le sol au moyen d'un travail de peinture au pochoir et de cordes de couleurs. Le tout orchestré et ponctué par votre serviteur, mais façonné pour l'essentiel par un groupe d'enfants. Telle était donc notre thèse. Un an plus tard, voici le projet : tout inverser. Énoncer une antithèse, donc. Tout commence par le titre. L’exposition intitulée en 2023 « Proche des commerces (et des étoiles) », devient en 2024 « Proche des étoiles (et des commerces) ». Il s’ensuit que les cartons, affiches et flyers de cette seconde exposition, dévoilant cette fois une Bastogne nocturne, subissent le même processus de renversement.

Proche des commerces (et des étoiles) / Poster, carton, tract

Editeur L'Orangerie, Bastogne

Publié en mai 2023

Ces trois imprimés accompagnent l’exposition tenue au centre d’art L’Orangerie de Bastogne, en mai 2023.

Le poster A3 de l’exposition entrelace au verso une publicité pour une agence immobilière, pour un opticien, et la photo d’un drapeau américain. Sorte de carottage dans l’inconscient de Bastogne, autrefois théâtre de la bataille des Ardennes, aujourd’hui bourgade commerciale attractive. Au recto, une constellation étoilée est dessinée au moyen de lignes ondulantes enfilant des noms de magasins et de restaurants de la ville.

Le carton d’invitation A5 présente une carte Google Map du centre de Bastogne au recto, et au verso une composition graphique mêlant là aussi les informations de l’exposition et une liste de commerces de Bastogne. Chaque carton est poinçonné de quelques étoiles, à la main. Le drapeau américain jouant là aussi les fantômes.

Le tract, de toute petite taille, propose une phrase évoquant le ski de fond au recto, et une composition graphique suggérant une piste zigzagante.

2023

Une édition de Marie Glaize, en collaboration avec Louis Clais et Yoann Van Parys

Publiée le 1er janvier 2023

A l’approche de décembre, l’artiste française Marie Glaize collabore avec d’autres joyeux drilles pour concevoir une édition qui encapsule l’année à venir. En un mot : un calendrier. Invité à plancher sur l’édition 2023, en compagnie de Louis Clais, nous passons un week-end à Paris lors duquel nous envisageons une dizaine de possibilités de calendrier : un calendrier sur les feuilles périssables d’un arbre du parc des Buttes-Chaumont, un calendrier dispersé sur les sonnettes anonymes d’habitants parisiens, et j’en passe. Le choix fait l’objet d’un débat aussi âpre que joyeux. A la fin du week-end, une solution se dessine autour du signe « = », séparant toutes les dates de l’année. Une équivalence zen des jours, à la John Cage. Une inclinaison à la fantaisie pousse une partie des factions en présence à ajouter à cette limpide équation une chaussure découpée. Sorte de botte de sept lieux pour franchir d’un bond les affres des jours. On glisserait ainsi dans la poche des amis ce double sésame : une équivalence, et un accessoire. Cependant, c’est bientôt un cousin du signe « = » qui se manifeste : le signe « ≃ ». Cette équivalence en nuance recueille les suffrages, telle la formule mathématique ayant au final traversé nos échanges. Les jours passent, et le doute travaille encore Marie Glaize, notre reine de Saba. Elle lance l’idée d’une carte postale qui permettrait de faire sortir nos équations de l’appartement parisien les ayant vu naître. Ainsi est-ce chose faite : la Poste nous propose son soutien logistique. 2023 va quelque part. 2023 va vers quelqu’un. Enfin, plus ou moins…

Le sens de la mesure

Publié en février 2022 à l'occasion de la Limited Edition Art Fair 2022, Villa Empain, Bruxelles

Janvier 2022, ambiance pass sanitaire, omicron. Je ne peux plus sortir de mon salon. Tout le monde s’exprime à la télévision. On fait dire aux chiffres des oraisons. Chacun s’exprime en son propre nom. On tente de faire entendre aux enfants du peuple la raison. Tout cela avec force explications. Et cela vaut pour toutes les filles et garçons. Pas sûr que tu y parviennes comme ça mon Macron. Tu as négligé la candeur dans le fond. Et puis on dirait que les éléments séparés de cette édition. Font à d’autres œuvres côtoyées comme une décoration. Un commentaire, une légende, une remise en actions. C'est comme ça que cela fonctionne cette proposition. 

YOU KEEP ME UNDER NO SMELL / How to make sense without you?

Publié en novembre 2021

Editrices Margherita Falqui, Marina Marques et Silvia Marchese

Le collectif Curatela Placebo, formé durant les premiers mois de la pandémie, dans le contexte du département arts visuels de la IUAV de Venise, et composé de Margherita Falqui, Marina Marques et Silvia Marchese, a conçu et produit une édition prenant la forme d'un kit de premier secours. L'édition intègre les contributions de Enrico Boccioletti, Francesco Fazzi, IOKOI, Mariko Hori, Maria Electra Pacini, Raffaella Naldi Rossano, Nuvola Ravera, Margherita Soldati, Marco Sgarbossa, Michele Tiberio & Diletta Tonatto, Stefania Zanetti & Matteo Bellomo. Ma contribution personnelle tient en une liste de ce qui constituerait, selon diverses convictions personnelles et/ou populaires une "Belle mort" et une liste de ce qui serait au contraire "Une mort stupide". 

Le texte de présentation de l'édition, dans son ensemble, rédigé par Curatela Placebo est le suivant : 

"Au fil des derniers mois, nous avons conduit ensemble une recherche sur un phénomène spécialement actuel : la perte du sens de l'odorat, causée en particulier par le covid. La perte de l'odorat n'est pas un thème, c'est un symptôme: il signifie perdre le contact avec une réalité invisible qui entoure les choses que nous avons autour de nous. C'est perdre la confiance dans sa propre intuition. Cela nous intéresse aussi compte tenu du peu de considération qui est réservée socialement à l'odorat, et du fait de la situation dans laquelle nous nous sommes dernièrement retrouvés, fait d'isolement, non seulement physique, mais aussi sensoriel.  

Ainsi naît notre projet collectif Curatela Placebo, en lequel nous opérons comme groupe d'éditrices et de curatrices, au travers d'une action de commissariat qui est aussi une action curative, et qui aspire à raconter et communiquer la perception olfactive et l'expérience de sa perte dans le temps contemporain: ce par cette édition, ou exposition en kit YOU KEEP ME UNDER NO SMELL. Si, dans la constante action déodorante et dans la digitalisation généralisée, il faisait déjà sens d'évoquer la perte de l'odorat en tant que pathologie mais aussi à titre de manque de contact humain, aujourd'hui, il semble difficile d'échapper à cette urgence".