Several Persons
L'offrande (workshop du 17 au 19 septembre 2024)
Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, section Photographie (direction Pierre-Yves Brest)
Jour 1
Journée de lectures collectives des travaux des 15 étudiant.e.s : chacun.e amène à l’atelier des tirages de leurs images, datant de périodes de création les plus éloignées les unes des autres, de manière à balayer un spectre temporel large de leur création. Il peut s’agir de tirages d’essais ou de petits formats. Par défaut, le portfolio papier, ou digital (en dernier recours).
Jour 2
On se donne rendez-vous devant l’entrée de l’Arba. Les étudiant.e.s s’équipent pour une longue marche dans Bruxelles, et se munissent de leurs appareils. Débute une marche d’esprit situationniste : à tour de rôle, et pour un temps donné, chaque étudiant.e prend la responsabilité de la direction de la marche, et du rythme. On ne connaîtra donc pas à l’avance la destination de la marche. Cela peut nous emmener loin de l’école. Tout au long de cette marche, le but est que chaque personne produise une image pour chaque autre participant.e au workshop. Une image/don, une image/offrande. Mais pas seulement. Cette image devra être une façon d’exprimer la compréhension que chacun aura eu du travail de l’autre : ce sera en somme une image/traduction, une image/langage, à la croisée de son propre langage photographique et de celui de l’autre personne. Le tout, saisi dans l’espace public. Les images pourront donc avoir un lien immédiat ou métaphorique, par analogie, par métonymie. L’important étant de saisir l’essence de la poétique de l’autre. On doit donc ressortir de cette marche avec 15 (étudiant.e.s) x 15 images. A 16h, la marche s’arrête, là où nous serons arrivés, au hasard (et au caprice) des guidages successifs.
Jour 3
On se retrouve à l’Arba, dans les salles de cours. Chaque étudiant.e apporte une image (voire un groupe d’images) de son travail qu’il souhaite exposer. On imprime les 15 x 15 images glanées la veille en petit format (genre 10 x 15 cm). On divise le groupe en trois groupes de cinq personnes. Chaque groupe est alors chargé d’assurer le commissariat du travail de cinq étudiants, représentés par leurs œuvres personnelles, mais aussi par les 15 images/offrandes, accompagnant désormais l’image originale (et s’en distinguant par le format). Sachant que l’étudiant.e en question aura aussi fait une image supplémentaire, dans Bruxelles, doublant son propre travail. Chaque groupe décide de la manière de faire la scénographie, ainsi que l’éventuel travail adjacent d’écriture/de médiation.
Photos du workshop : Florine Maitre
Trois questions un peu ingénues (communication du 16 mars 2023)
ISIA Institut Supérieur pour les Industries Artistiques, Urbino
Comment fonctionne le processus créatif à un niveau individuel?
La création individuelle est-elle exclusivement individuelle ou est-elle sous l'influence d'une dimension collective ?
Comment l'histoire de l'art gère-t-elle la création individuelle et collective ?
Vous êtes (cours de novembre et décembre 2022)
Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre, Bruxelles
En collaboration avec Aleksandra Chaushova
Vous êtes cet.te artiste jouant sur les mots.
Vous êtes cet.te « jeune artiste qui promet ».
Vous êtes cet.te artiste qui a de l’humour.
Vous êtes cet.te artiste animalier.
Vous êtes cet.te artiste réalisant des œuvres pornographiques, esthétiquement très élaborées.
Vous êtes cet.te artiste qui utilise dans son art la langue anglaise.
Vous êtes cet.te artiste qui s’intéresse au corps.
Vous êtes cet.te artiste qui travaille sur la mémoire.
Vous êtes cet.te artiste historique oublié.e, qu’on revalorise soudainement.
Vous êtes cet.te artiste obsédé.e par les lignes.
Vous êtes cet.te artiste miniaturiste.
Vous êtes cet.te artiste travaillant à la manière de l’école de Düsseldorf (tout en distance, et en géométrie).
Vous êtes cet.te artiste abstrait géométrique.
Vous êtes cet.te artiste qui ne travaille qu’avec des chiffres, des nombres…
Vous êtes cet.te artiste qui travaille sur la couleur.
Vous êtes cet.te artiste engagé.e.
Vous êtes cet.te artiste qui cache tout.
Vous êtes cet.te artiste qui ne dit rien.
Vous êtes cet.te artiste qui joue sur la gravité, montrant tout selon une orientation étrange.
Vous êtes cet.te artiste qui s’inspire de l’histoire.
Vous êtes cet.te artiste qui s’inspire de l’histoire de l’art.
Vous êtes cet.te artiste faisant du Land Art de salon.
Vous êtes cet.te artiste qui s’est documenté.e sur un sujet.
Vous êtes cet.te artiste qui dit tout.
Vous êtes cet.te artiste qui parle de lui.
Vous êtes cet.te artiste qui fait des œuvres très vendables.
Vous êtes cet.te artiste qui fait des œuvres invendables.
Vous êtes cet.te artiste qui en fait beaucoup trop.
Vous êtes cet.te artiste qui valorise ce qui est unique.
Vous êtes cet.te artiste qui valorise ce qui est générique
Vous êtes cet.te artiste qui se répète
Vous êtes cet.te artiste voyageur/voyageuse.
Vous êtes cet.te artiste qui analyse Bruxelles.
Vous êtes cet.te artiste qui n’est pas de son temps
Vous êtes cet.te un artiste qui est de son temps
Vous êtes cet.te artiste dont l'œuvre fonctionne sur le principe des poupées russes.
Vous êtes cet.te artiste qui transforme des situations tristes en situations drôles
Vous êtes cet.te artiste dont les œuvres se déploient selon le principe du miroir
Vous êtes cet.te artiste dont les œuvres se singularisent dans le détail, là où elles semblent banales dans l’ensemble.
Vous êtes cet.te artiste qui crée les œuvres d’un événement susceptible de se passer bientôt
Vous êtes cet.te artiste qui crée des œuvres à propos de ce qui s’est passé ce matin
Vous êtes cet.te artiste qui fait des œuvres existant uniquement dans les airs
Vous êtes cet.te artiste qui fait les œuvres que réaliserait son père ou sa mère s’ils étaient artistes
Vous êtes cet.te artiste qui fait des œuvres se réalisant sur base de plans de montage.
Vous êtes cet.te artiste qui fait des œuvres qui se rangent facilement
Vous êtes cet.te artiste colérique
Vous êtes cet.te artiste distrait.e
Vous êtes cet.te artiste heureux.se
Que ferions-nous si nous étions italiens? (module de novembre et décembre 2022)
Ecole Nationale Supérieure des Arts Visuels de La Cambre, Bruxelles
En collaboration avec Veronica De Giovanelli
Avec la participation exceptionnelle de Daniele Coppola, Gianmarco Falcone, Jacopo Pagin, Linda Carrara, Stefano Moras, Laura Viale, Robberto & Milena Atzori.
La dynamique des fluides
On plonge notre regard dans la base de données de l’imaginaire italien en se focalisant sur la façon dont les œuvres engagent la notion d’espace. On analyse les approches de l’espace dont font montre, en leurs œuvres les créateurs et créatrices italiennes, qu’ils soient peintres, photographes, sculpteurs/sculptrices, architectes…Quels sont les jeux de proportions, d’orientation, les formats, les écarts entre les volumes, les perspectives, les trompe l’œil, l’étagement des plans, l’attention pour le proche, le lointain, le hors champ… ? Cette analyse peut passer par des esquisses, par des explications par le dessin des approches de l’espace observées. Songeons d’ailleurs à ces historiens d’art qui se sont intéressés à la dimension mathématique des tableaux de la Renaissance, en révélant les principes sous-tendant certaines compositions de fresques ou de tableaux.
Portraits croisés
Chaque élève a déposé sur un espace de stockage de données en ligne commun son portfolio et les travaux réalisés jusqu’ici au sein du module, afin qu’ils puissent être consultés par tous/toutes. On demande ensuite à chaque élève de se promener dans le périmètre de l’Abbaye de la Cambre (jardins compris et rues entourant le site compris) en vue de faire un travail photographique et/ou une collecte d’objets trouvés. Ce reportage et/ou cette collecte ayant pour sujet le travail de chaque élève de la classe (dans le cas où le choix se porte sur le principe des objets trouvés, il est demandé de réunir au moins trois objets par pratique pointée). Chaque élève fait donc un portrait diagonal, métaphorique mais pas moins précis, de la pratique de chacun/chacune de ses camarades. On se base pour ce faire sur les traits distinctifs de chaque pratique, qu’on aura appris à connaître, au fur et à mesure des rendus, et des implications de chacun/chacune dans les exercices. Chaque élève fait également, sur base de cette même collecte d’objets trouvés ou spéculation photographique, un autoportrait de sa propre pratique créative.
Remake
Chaque étudiant.e choisit un des traits de l’imaginaire collectif italien ayant été identifié au fil des recherches par le groupe. Il/Elle choisit ensuite une de ses créations personnelles passées, et entreprend d’en réaliser un remake, incorporant, intégrant, le trait de l’imaginaire sélectionné en son sein. Dans le cas où l’œuvre originale engage un travail ne pouvant être littéralement repris dans le temps imparti, et avec les outils disponibles, l’étudiant.e s’offre la liberté d’envisager la version originale sous un jour plus « léger ».Pour ensuite créer une variante à l’italienne tout aussi légère, adaptée aux moyens techniques pouvant être engagés dans le cadre du module et au temps disponible.
Portrait imagé de nos invités
On réalise un portrait de la pratique de chaque invité que nous avons reçu au sein du module, en réunissant, sur un mode libre, des ensembles d’images d’œuvres issues de notre base de données italienne. Les ensembles d’images résonnent, prolongent, partagent les caractéristiques spécifiques de la pratique de tel ou telle artiste que nous avons rencontré.e. On tente d’observer ensuite si, sous couvert de ces caractéristiques qui leur sont propres, une caractéristique commune, collective, se dégage.
Une exposition éphémère
On décèle, dans notre base de données italiennes, un trait de l’imaginaire collectif italien qui n’a pas encore été mis en exergue, ou on se base sur un trait déjà identifié par le groupe. On réalise ensuite une installation (pouvant être miniature) dans l’espace physique, réel, déployant ce trait. On documente cette intervention plastique éphémère par la photographie. On organise les images d’archives en un document, sur ordinateur. Puis on fait voir à la classe à la fois le résultat physique du travail et sa documentation numérique.
Généalogie
Muni d’un trait de l’imaginaire collectif italien, identifié au contact de l’art contemporain, on se plonge dans la base de données italienne en son versant art ancien. On tente de chercher les racines historiques de ce trait, qui aurait été repris par la jeune génération. L’art dit « ancien » peut ne pas être si ancien : 18ème siècle, ou 19ème siècle. Voire même début du 20ème siècle. Pour établir cette comparaison, on procède par associations d’images, sous forme de planches, ou par tout autre moyen textuel, visuel, voire même audiovisuel, sonore. Une autre méthode peut consister à choisir une figure historique de l’art italien (par exemple Masaccio), puis à associer à l’œuvre de cet artiste historique, des œuvres d’artistes étant venus à sa suite (voire bien plus tard) qui en seraient les héritiers, sous forme d’une dérive/dérivation généalogique (voir aussi la définition de cette science nommée la phylogénèse).
Ville-Pays
On se plonge dans notre base de données de l’imaginaire italien et on identifie des artistes originaires de mêmes villes italiennes, ou de lieux proches de ces villes (il est probable que les villes suffisamment représentée, par le nombre, soient des villes comme Turin, Venise, Rome, Milan, voire Naples –si une ville peu représentée vous intéresse, il est possible de chercher d’autres artistes qui en seraient originaires et que notre base de données ne compte pas encore). On copie, sur son ordinateur personnel, les dossiers d’œuvres de ces artistes. On tente ensuite de voir si une identité esthétique, liée à la ville, se dégage. On établit une thèse visuelle à ce propos. On peut en outre élargir cette recherche géographiquement localisée en se servant également d’images de la dite ville et des alentours pouvant expliquer l’attrait des artistes de la dite ville pour telle matière, telle configuration de paysage, tel propos politique, telle éthique, telle poétique. On peut également se servir de tout ce qui constitue le substrat historique de cette ville, en particulier en ses versants folkloriques, vernaculaires, mais aussi bien sûr en ses versants plus officiels.
Palette chromatique
On procède à une étude chromatique de l’imaginaire collectif italien. On tente de distinguer la palette propre à chaque ville/région de l’Italie étant représentée dans notre base de données, au travers des artistes qui la constituent, et qui sont originaires de telle ou telle zone. On exprime cette recherche chromatique sous forme de carte, voire sous une autre forme qui vous semblerait opportune. On peut traiter des teintes, comme des intensités. On peut spécifier l’analyse en distinguant la manière dont la couleur est traitée (en aplats, en tons sourds, en clartés, en contrepoint d’un noir, d’un blanc, d’un jaune, d’une façon économe, parcimonieuse, ou abondante, criarde). L’analyse saura aborder autant la couleur que la façon dont les artistes en font usage.
Exposition universelle
On trouve un moyen de donner à voir l’ensemble des recherches qui auront été menées dans le cadre du cours, sur l’imaginaire collectif italien. On imprime éventuellement les documents que vous avez créés, d’exercice en exercice, et on trouve une manière de spatialiser tout ce matériel, pour créer une sorte d’exposition, susceptible d’être présentée à nos derniers invités du cours, le 22 décembre. Cette exposition sert de support à un dernier débat entre les élèves de la classe et nos invités.
Exubérance (workshop du 4 au 8 octobre 2022)
Académie Royale des Beaux-arts, Bruxelles
On nous dit : Brussels Drawing Week, la semaine du dessin, dans cette ville même, au début du mois d’octobre 2022. On nous dit : il y a des évènements partout, qui mettent à l’honneur ce médium, en toutes ses variations. Alors, l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles vous dit : mettez-y vous aussi ! C’est la fête du dessin : ce sera cette semaine-là, soit ni la semaine précédente, ni la semaine suivante : celle-là. Avant, ce sera trop tôt. Après, ce sera trop tard. Ce sera sa fenêtre de lancement, de tir ! On va lui faire sa fête ! Le papier, premier de tous les supports coupables : il ne perd rien pour attendre. Nous le couvrirons de signes intelligibles et inintelligibles. Nous le colorerons, et le colorierons. Nous le sculpterons. Nous le rangerons, pour le déranger aussitôt. Nous le photographierons et il nous photographiera. Il nous contrariera. Il nous surprendra. Nous le poinçonnerons. Nous le trouerons. Nous y ferons des trous ronds, et des trous carrés, ponctués de commentaires rectangulaires. On le soignera, on le bichonnera, on le salira, puis, magnanimes, on le nettoiera. On le découpera. On y projettera des bâtiments et des bancs : on y reviendra. Nous le chiffonnerons, nous l’imprimerons. Nous le lithographierons. Il fera l’objet de mises en page, de mises en pli. Il se prêtera au tissage et à la sérigraphie. Nous le cacherons, le cachetterons, l’achèterons aussi (hélas). Nous le vendrons (espérons). Nous l’abriterons de la lumière du soleil. Nous l’exposerons aux reflets de Saturne. Nous en ferons des emballages pour bonbons, des billets de banque, des avions. Nous le collerons. Nous le dédicacerons. Nous l’écrirons, nous le définirons. On s’amusera. On exagérera. On en fera des tonnes et des tas. Quant au carton, au bois, au tissu, à tout ce qui accueille trace et action ? Ne m’obligez pas à révéler déjà le fruit de votre imagination !
Bota feat. Bracops (Ateliers de janvier à mai 2022)
Athénée Joseph Bracops, Bruxelles
Sous la direction de Mathilde Manche, Grégory Thirion, Ophélie Martinage
Le Botanique à Bruxelles est un centre d’art qui réalise des expositions temporaires. Sans être un musée, ils possèdent cependant une petite collection d’œuvres données par les artistes ayant exposé là, à travers les années.
En 2022, le souhait est émis de faire un projet autour de cette collection avec une classe d’élèves de secondaire de l’Athénée Joseph Bracops à Anderlecht.
Sous la direction de Mathilde Manche, et de Grégory Thirion, un projet d’initiation à l’art contemporain et de création d’une exposition avec les œuvres de la collection du Botanique est mis en place. De la fin de l’hiver au début du printemps, divers ateliers sont proposés.
Le premier atelier s’intéresse au portrait. Des consignes sont distribuées aux élèves au hasard. Elles invitent à réaliser un type de portrait donné. Par exemple : « Dessinez un autoportrait lorsque vous ne serez plus de ce monde ».
Le second atelier s’attache à la représentation de l’espace. Deux types de consignes sont croisées aléatoirement, un espace et un moyen pour le représenter : « une carte d’une cité lacustre / uniquement avec des titres découpés dans les journaux. »
Le troisième atelier est consacré à l’idée de classement. Une feuille identique est distribuée à chaque élève. Des consignes sont diffusées sur un écran, et chacun réalise un dessin similaire se singularisant discrètement au gré des lubies de chaque personnalité.
Le quatrième atelier est l’occasion de se frotter à la vidéo. On croise un genre de film (par exemple : un thriller) avec une intrigue (par exemple : le dernier jour des soldes), et de là une improvisation se tisse. Chaque équipe de tournage réalise un film de quelques minutes.
On se concentre dans le cinquième atelier sur les œuvres de la collection du Botanique. Un questionnaire farfelu est distribué à chaque élève, à qui une œuvre a été attribuée. Des réponses écrites ou dessinées sont inscrites sur le questionnaire, devenant de facto une notice explicative de l’œuvre.
Le sixième atelier met les élèves dans la peau du commissaire d’exposition. Des reproductions miniatures des œuvres de la collection sont distribuées, de façon à ce que chaque élève réalise une esquisse d’accrochage, supportée par une idée directrice.
D’autres intervenants poursuivent le travail avec les élèves. Le projet se conclut par une exposition au Botanique avec les œuvres réelles.